
Avec plus de 1 000 morts par an, la France est le pays de l’UE qui compte le plus d’accidents et de décès au travail. Tous les jours en France, un ouvrier du secteur de BTP meurt sur un chantier et toutes les cinq minutes, il y a un accident du travail. Selon les derniers chiffres d’Eurostat, en 2022, notre pays se traîne à l’avant-dernière place des pays européens pour l’insécurité au travail avec 3,53 morts, pour 100 000 travailleurs, tous secteurs confondus.
Ces travailleurs victimes ont des noms : Guillaume 35 ans, Steven 27 ans, Damien 28 ans, Jérémy 27 ans, Combo 40 ans, Ermelindo 43 ans, Rachid 41 ans, Abdoulaye 41 ans… mais combien de salariés morts ou handicapés à vie, restent anonymes ? Ce n’est pas spéctaculaire, un salarié qui meurt pendant son travail, à cause des mauvaises conditions d’exercice, d’absence de protections individuelles et collectives. Ça ne fait pas la « une » des journaux. Et pourtant … dans notre sud Essonne, très récemment : un ouvrier dans une usine à Méréville a eu un accident grave . Et pourtant, à Etampes, un travailleur du Bâtiment sur le chantier de construction de logements à Guinette a fait une chute de plus de 6 m. La presse locale (souvent préoccupée par les chats écrasés) ne s’en est pas souciée. Les travailleurs tués ou grièvement handicapés, sont confinés pour la plupart au silence et à l’anonymat !
Les organisations syndicales relatent, dénoncent, et combattent ce fléau. Ils soutiennent les familles des victimes du travail qui se portent partie civile. Dans les entreprises et auprès des pouvoirs publics, ils revendiquent des politiques de prévention des risques, à la charge des chefs d’entreprises.
Un environnement de travail sûr est un droit fondamental. Nous ne devons plus accepter qu’une personne puisse être usée, tuée à la tâche et au travail ou à cause du travail.
Au-delà des accidents graves, trop souvent, le monde du travail génère maladies et souffrances. Les cancers dus à une exposition professionnelle tuent:
600.000 salariés chaque année sont victimes de maladies professionnelles.
Dans un monde du travail dégradé, des travailleurs s’épuisent et sont victimes de burnout. Leur patron demande d’en faire toujours plus avec moins de moyens. Le management par le changement, qui vise à améliorer sans cesse et à tous les moments de la chaine de production, les performances de l’entreprise, modifie en permanence les règles et les conditions d’un travail qui devient toxique pour celles et ceux qui subissent la pression, l’instabilité et le surmenage. Des travailleurs sont usés précocement. Leur système cardio-vasculaire est abîmé par le stress. La surcharge de travail provoque des troubles musculo-squelettiques etc… On estime à environ 160 000 par an le nombre de salariés déclarés inaptes par la médecine du travail.
La seule solution pour reprendre la main : Résister, se syndiquer, constituer un syndicat dans l’entreprise, participer à la vie sociale, rédiger des revendications avec les collèguesde toutes catégories et se faire élire au CSE.
La Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail a été instituée par l’Organisation internationale du travail (OIT) en 2003. Elle se déroule le 28 avril aux quatre coins de la planète pour rappeler l’importance de la prévention des accidents et des maladies professionnelles.
À cette occasion, les syndicats rappellent leurs revendications :
• La prise en compte obligatoire du mieux disant social dans les appels d’offres publics et privés
• L’interdiction de la sous-traitance à plus de deux niveaux
• La imitation des recours à l’intérim et aux salariés détachés
• Doublement des moyens interministériels pour lutter contre le travail non déclaré
• Renforcement de l’ Inspection du travail et des services de prévention
• Création d’un service d’assistance psychologique, administrative et juridique pour les familles des victimes.
• La création d’un Observatoire national des accidents au travail,
• Donner les moyens en droits aux 2SCT (ex CHSCT) dans les entreprises.